En ce moment où les mauvaises nouvelles ne cessent de tomber, cette citation d’Albert Einstein illustre un autre versant de la réalité française qui, lui, est porteur d’espoir.
Le confinement en nous frappant tous contribue à resserrer nos liens avec les autres dans le sens d’une plus grande solidarité. C’est un résultat positif important, mais j’ai en tête d’autres phénomènes à analyser qui peuvent changer notre vie durablement. Notre société et notre économie sont soumises à un cyclone d’une violence extrême révélant des dysfonctionnements et des rigidités qui sont en train de s’affaiblir. En quelques semaines, le COVID-19 a fait bouger la France dans des proportions inimaginables en temps normal.
J’ai choisi dans cet article d’évoquer le secteur de la santé. Faisons d’abord un constat sur ce qui vient de se passer, puis nous évoquerons les actions à mener.
1° Deux enseignements à tirer de la pandémie
- Le premier enseignement est que la France n’était pas suffisamment préparée à affronter une pandémie d’une telle envergure. Au fur et à mesure que le nombre de cas confirmés et de cas graves en réanimation est monté en flèche, on s’est aperçu qu’il manquait des masques chirurgicaux et de protection FFP, des respirateurs artificiels, des outils pour faire des tests, et des consommables comme les solutions hydro-alcooliques etc. De même, les hôpitaux et en particulier les services de réanimation ont été rapidement surchargés et ne disposaient pas d’un nombre de lits suffisant. On a découvert alors que la France dépendait de la Chine pour une grande partie de ses approvisionnements. 80 % des principes actifs pharmaceutiques sont fabriqués dans ce pays et en Inde et le manque de masques a été comblé par des importations massives en provenance de Chine. Une prise de conscience salutaire de notre dépendance a eu lieu. On verra ci-dessous quelles leçons il faut en tirer.
- Le deuxième enseignement est que notre système de santé a réagi en se mobilisant immédiatement d’une manière exceptionnelle. Ses trois composantes principales, les hôpitaux publics, les cliniques privées et la médecine de ville se sont mises en état de marche en coopérant étroitement entre elles : par exemple les cliniques ont soulagé les hôpitaux en prenant chez elles des malades, et les médecins de ville ont évité le recours à des services d’urgence des hôpitaux pour des maladies bénignes. Une complémentarité des trois acteurs s’est instaurée sous la pression des évènements. Les Français ont découvert que le monde des soignants était capable de faire des miracles pour sauver nos vies en prenant des risques parfois insensés et en allant jusqu’aux limites de leur capacités physiques. Ils les applaudissent tous les soirs et ils s’en souviendront.
2° Les deux types d’action à lancer
- La première action à lancer consiste à tirer les leçons de la pandémie en promouvant la santé comme une priorité nationale au même titre que la sécurité intérieure et extérieure ou la justice. Elle mérite de faire partie des fonctions régaliennes que l’État devra dorénavant prendre en charge puisqu’elle répond à une utilité collective fondamentale. Les conséquences de ce changement de statut du domaine de la santé doivent être aussi tirées dans la manière dont les personnels soignants seront traités dorénavant. Une revalorisation tant sociétale que financière est à prévoir pour que les postes non pourvus redeviennent attractifs. La recherche tant fondamentale qu’appliquée devra également être renforcée pour demeurer dans le peloton de tête mondial.
- La deuxième action à lancer concerne la reconquête de la maîtrise sur les segments de ce que les économistes appellent la « chaîne des valeurs ». Il s’agit en particulier de redévelopper notre industrie et celle de l’Europe pour qu’elle puisse remplacer à terme les importations en provenance de la Chine. C’est un objectif tout à fait réalisable si le gouvernement le veut : des financements publics seront nécessaires, ainsi que des réglementations comme par exemple une clause de préférence nationale pour des achats de médicaments et d’autres produits « stratégiques ». Elie Cohen propose aussi de traiter le domaine de la santé comme celui de l’énergie avec une capacité de production disponible toujours supérieure à la consommation de sorte que si une crise survient, le stock disponible peut immédiatement être mobilisé avant que l’on relance la production.
En conclusion de cet article, le COVID-19 n’est pas seulement une catastrophe, il doit être aussi une opportunité : ce n’est pas rien d’avoir un système de santé réformé et performant avec des personnels bien dans leur tête à l’écoute des besoins des français et une industrie de la santé en croissance qui recrée des emplois dans notre pays.
Bonjour Jean, merci pour cet article clair et net. Il me semble que tout cela rend encore plus nécessaire et urgent de réformer la France pour rendre ses administrations plus performantes et redresser les comptes publics qui vont être encore plus malades . Pourvu que la démagogie des partis populistes n’en profite pas trop, tant il est vrai que “La critique est aisée et l’art est difficile “ ! Amicalement .
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