2ème feuillet de mon album : la France peut-elle seule assurer sa sécurité ?

Pour faire face aux dangers représentés par Daech, Al-Qaïda et les mouvements islamistes extrémistes, la France a-t-elle besoin de l’Europe ?

Pour répondre à cette question, j’ai choisi deux situations, l’une où la France est menacée par des risques d’attentats  à l’intérieur de ses frontières,  l’autre où elle intervient hors de ses frontières pour combattre les mouvements islamistes.

1ère situation : Repérage des déplacements des potentiels terroristes au moyen du Passager Name Record, ou données des dossiers passagers.

Le Passager Name Record ou PNR consiste à rassembler et à traiter toutes les données personnelles recueillies par les compagnies aériennes sur les passagers voyageant entre les pays de l’Union européenne et entre un pays de l’UE et un pays tiers. Les compagnies sont abonnées à un système central de réservation qui regroupe tous les renseignements sur une même personne : nom du passager, son itinéraire, comment contacter un participant au voyage, les réservations d’hôtel, de voiture, mais aussi les habitudes alimentaires, les problèmes de santé, comme un handicap, les moyens de paiement etc. Cette mine d’informations est exploitée par les services de sécurité pour repérer les mouvements des terroristes potentiels, en particulier en relation avec la Syrie et l’Irak.

C’est à la suite du drame des Twin Towers en septembre 2001 que les États-Unis ont mis en place le PNR en 2003. Ils ont été rejoints par le Canada et l’Australie, et plus tard, le Royaume-Uni a fait de même.

En novembre 2007, la Commission Européenne propose de créer une directive pour adopter un dispositif de PNR au niveau de l’UE. Elle remettra plusieurs fois sur le tapis ce projet de PNR, mais jusqu’en 2015 il sera toujours refusé par le Parlement européen et des pays appartenant au Conseil européen. Il faudra attendre le 14 avril 2016 pour que le Parlement vote en faveur du PNR, suivi immédiatement par le Conseil européen. Un délai de 2 ans a été accordé aux États européens pour mettre en vigueur la directive. On peut espérer qu’en 2019 le système sera opérationnel, soit 12 ans après la première initiative de la Commission contre 2 ans pour les États-Unis.

Quelles leçons peut-on en tirer ?  la première est que le processus décisionnel au niveau de l’UE est souvent d’une lenteur désespérante, ce qui n’est pas un scoop. La deuxième est que si le PNR avait été mis en place beaucoup plus tôt, il est probable que certains attentats auraient pu être déjoués. La troisième leçon est que, même s’il n’est pas l’outil miracle car les terroristes utilisent d’autres modes de transport que l’avion, le PNR est un moyen indispensable pour aider la France à déjouer un nouvel attentat, et c’est grâce à l’Europe qu’elle obtient ce qu’elle n’aurait jamais pu avoir si elle était restée isolée.

2ème situation : les interventions militaires comme celle au Mali

 Les conflits entre la France, l’Europe et les mouvements islamistes se manifestent également loin de nos frontières, en Afrique et au Moyen-Orient. L’intervention au Mali est particulièrement intéressante, car elle permet de mesurer les progrès que l’Europe doit faire pour que la France ne soit plus seule.

Rappelons les faits : en janvier 2013, lorsque les djihadistes salafistes, aidés par des tribustouarègues, ont lancé une offensive au sud du Mali, le Président François Hollande a dû prendre dans un délai très rapide la décision d’engager seul l’opération Serval. Les Allemands n’ont pas souhaité intervenir sur place de sorte que, sur le terrain, les alliés les plus efficaces ont été les Tchadiens. L’intervention rapide de la France a été une décision opportune, compte tenu de l’urgence et de l’importance géopolitique du Sahel où il aurait suffi que le Mali s’effondre pour que le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, et le Tchad soient emportés par la vague djihadiste. Mais la France n’a guère été aidée dans son combat par les pays d’Europe. Comme le dit ironiquement le « Courrier international », elle a eu seulement droit « à des félicitations cordiales et à une poignée d’avions de transport ».

C’est cette donne qu’il faut changer, car les pays du Sahel sont aujourd’hui et pour demain un enjeu stratégique, et le continent africain est devenu une zone mondiale attractive avec un taux de croissance annuel de l’ordre de 4 % l’an. Les Chinois l’ont bien compris dès les années 2000 et l’Allemagne également, puisqu’elle est passée devant la France en 2017 en matière d’exportations vers les pays d’Afrique francophone. Il reste aux Allemands et à d’autres pays d’Europe de tirer les leçons de cette montée en puissance de l’Afrique.

La France ne doit plus assumer seule la fonction militaire. C’est à l’Europe de prendre le relais en créant une force d’intervention et un budget mobilisable pour faire face à des évènements comme ceux survenus au Mali. La Défense et l’Économique doivent enfin aller de pair.

 

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Un commentaire sur “2ème feuillet de mon album : la France peut-elle seule assurer sa sécurité ?

  1. Bonjour Jean, j’ignorais l’existence de ce PNR et ce que tu en sis m’a intéressé. Les 2 situations que tu décris montrent bien que l’union fait la force…J’espère que les écoliers européens seront de plus en plus formés à l’idée que nous sommes membres d’une communauté qui englobe la France et qui est l’Europe…On comprendrait mieux que nos guerres intra-européennes furent des guerres civiles, mais qu’on ne s’en rendait pas compte.

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